Liliane Wetzel

Son début de carrière

Liliane Wetzel est née en 1905 à Rennes, son père est professeur dans un lycée. Elle est licenciée d’histoire et de géographie en 1926, puis elle passe en 1927 un diplôme technique de bibliothécaire. Liliane Wetzel débute sa carrière par quelques années d’enseignement en tant que déléguée d’une chaire d’histoire au lycée de femmes de Rennes puis au lycée Lamartine de Paris jusqu’en 1929.

Elle quitte ensuite l’enseignement pour travailler au sein de la bibliothèque de la faculté de médecine de Marseille pendant six ans, avant d’être nommée bibliothécaire en chef de la Bibliothèque Interuniversitaire de Lille de 1937 à 1942. Dès le 15 décembre 1937, elle participe à une séance de la commission de la Bibliothèque Universitaire. Lorsqu’elle arrive, l’établissement est en mauvaise situation budgétaire. Elle va s’atteler à réduire le déficit. Elle se déplace à Paris pour obtenir du directeur de l’ENS une subvention de 100 000 francs. Pendant qu’elle occupe ses fonctions de bibliothécaire en chef, elle fait face à des problèmes de toiture et de dégâts des eaux qui abîment les ouvrages.

En 1937, elle est vice-présidente du syndicat des bibliothécaires, membre du comité de l’Association des bibliothécaires Français. C’est une bibliothécaire engagée pour défendre les intérêts de sa profession.

Une bibliothécaire dans la guerre

Elle est encore en poste à Lille lorsque se déclenche la seconde guerre mondiale. Le 4 novembre 1939, le recteur de Lille reçoit la confirmation par télégramme du préfet d’Ille et Vilaine de l’arrivée de trois wagons emplis de livres de la bibliothèque de Lille transférés vers une zone plus sûre. Liliane Wetzel a organisé l’évacuation des collections d’ouvrages précieux de l’université en même temps que son départ dans sa famille. En février 1940, de retour à Lille, elle prête les locaux de la bibliothèque à l’Association des Bibliothécaires Français pour une formation accélérée de bibliothécaire pour enfants, bibliothèques d’hôpitaux et d’usine.

Durant la guerre, elle est chargée de l’inspection des bibliothèques et des établissements d’enseignement par le recteur. Liliane Wetzel dispose pour cela d’une carte de circulation automobile. La fermeture de la bibliothèque universitaire par la ville de Lille se poursuit jusqu’en juin 1941.

Refusant toutes formes de collaboration, Liliane Wetzel refuse de communiquer les fonds de cartes géographiques de la région à l’occupant et sera emprisonnée deux mois pour s’y être opposée. Malgré des conditions difficiles, elle écrit en 1941 une « Etude sur la réforme des bibliothèques ». Dans une première partie, elle y décrit la situation des bibliothèques de France en 1940 : aucune direction centrale, les bibliothécaires en chefs dépendent des recteurs ou des maires, il existe des problèmes sur le statut et le salaire du personnel. Dans la seconde partie, elle fait des propositions pour améliorer le fonctionnement des bibliothèques : l’emploi de comptables et de sténodactylographes, d’un budget obligatoire fourni par les universités aux bibliothèques, l’unité des règles catalographiques, le réaménagement des espaces (création de salles de conférence, d’un espace de prêt séparé de l’espace de travail), développement de bibliothèques dans les établissements pénitenciers et même création d’un impôt sur le livre. Ces améliorations demandées sont directement issues de son expérience en tant que bibliothécaire en chef (dans un courrier au Recteur de l’Académie de Lille, elle demande une sténodactylographe et l’augmentation des salaires de garçons de bibliothèque). On peut remarquer que certaines des idées présentées dans ce rapport sont appliquées dans des bibliothèques municipales et universitaires de nos jours.

En 1942, Liliane Wetzel est promue bibliothécaire en chef de la Bibliothèque de documentation et d’histoire internationale contemporaine. Elle quitte alors son poste de Lille puis devient conservatrice des bibliothèques en 1962. Elle est nommée à la bibliothèque nationale en 1969 et décède en Vendée le 11 janvier 1975.

Notice rédigée par Chloé Minnaert et Sarah Lagache