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Marguerite Codron-Poix

Sciences et techniques

1903-1996

paru le 08/03/2021 - Mise à jour le 24/05/2022 (16:02)

Enfance et études

Marguerite Marie Louise Codron est née le 24 novembre 1903 à Saint-Omer. Son père, Alfred Codron, est commis des Postes et télégraphes et sa mère, Denise Flore Ernestine Lenclos, semble sans profession.

Durant la Première Guerre mondiale, le bulletin des réfugiés du Nord dresse la liste des civils rapatriés. En 1915, une « Codron (Marguerite) de Lille » apparait sur cette liste. S’il est possible qu’elle ait été évacuée durant cette période, les lacunes documentaires ne nous permettent pas de confirmer ou infirmer cette hypothèse.

Son dossier d’étudiant à la Faculté des sciences de Lille n’a pas été retrouvé, si bien qu’il est difficile d’obtenir des informations concernant son enfance et son cursus d’études secondaires, hormis l’obtention de son baccalauréat en juillet 1922. Cependant, elle a bien fait des études supérieures et réalisé une licence ès Sciences, tout comme sa sœur Louise (Flore, Zénaïde) Codron [1] a obtenu une licence ès Lettres.

En effet, à cette époque, il était nécessaire d’obtenir au moins trois certificats d’études supérieurs dans différentes spécialités. Entre novembre 1923 et juin 1924, Marguerite Codron obtient quatre certificats d’études supérieures dans les disciplines suivantes: la physique générale, la chimie générale, les mathématiques générales et le certificat de sciences physiques, chimiques et naturelles (S.P.C.N). Cela lui permet donc d’avoir son diplôme de licence ès Sciences en juillet 1924. Elle continue la préparation d’un certificat en minéralogie qu’elle obtient en 1925.

D'assistante de chimie à directrice par interim de l'Institut d’essais de semences et de recherches agricoles : l'impact de la Seconde Guerre mondiale

Le 10 septembre 1927, elle se marie avec Robert Poix. Celui-ci est alors professeur agrégé de mathématique au lycée Faidherbe, avant d’être nommé à l’École normale d’Armentières. En 1927, Marguerite Codron est déclarée sans profession. L’année suivante, elle est nommée déléguée assistante de chimie à la Faculté des sciences de Lille. En 1930, sa carrière prend un nouveau tournant puisqu’elle devient assistante titulaire.

A partir de 1935, il semble qu’elle rejoigne les équipes du Laboratoire de botanique pour travailler aux côtés de Maurice Hocquette, alors maître de conférences et directeur de l’Institut d’essais de semence et de recherches agricoles. Cet institut est à l’origine la Station d’essais de semences et de recherches, qui a été créée en 1921 grâce à une subvention du département et annexée au Laboratoire de botanique. Le 22 mars 1929, le ministère reconnaît les services rendus aux agriculteurs par la station d’essais de semences. Le cadre de son activité s’élargit donc et avec lui, la création de l’Institut d’essais de semences et de recherches.

Dès 1936, Marguerite Codron-Poix participe aux activités de recherches en biologie végétale et agricole, et se concentre plus particulièrement sur le houblon. A partir de 1937, elle publie quelques articles sur ces recherches, notamment des Contributions à la sélection des houblons en Flandres. Ces études étaient menées à la demande des brasseurs ; l’analyse chimique des houblons hybrides en laboratoire et dans l’houblonnière expérimentale de Steenvoorde devait permettre de déterminer le meilleur hybride pour la culture dans les Flandres. Ces recherches effectuées par Marguerite Codron-Poix et l’équipe du laboratoire, ont duré jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, période à laquelle il lui est donnée une plus grande responsabilité. En effet, avec l’absence du directeur Maurice Hocquette, elle est nommée directrice par interim de l’Institut d’essais de semences et de recherches agricoles pour l’année universitaire 1940-1941, puis sous-directrice à partir de 1941.

Pendant la guerre et sous sa direction, les laboratoires d’analyses et de recherche de l’Institut d’essais de semences et de recherches agricoles continuent leur fonctionnement et sont fortement stimulés par les agriculteurs et industriels du Nord. Les recherches scientifiques sont en revanche moins actives dans les laboratoires à cause du manque de personnel et l’augmentation du travail imposé au personnel présent. 

En 1943, Maurice Hocquette reprend la direction de l’Institut et Marguerite Codron-Poix reprend ses activités d’assistante et de recherches. Elle exerce également des tâches administratives puisqu’elle est nommée en 1944 « régisseur » chargée de payer les menues dépenses du Laboratoire de botanique générale. Elle est toujours impliquée dans les recherches autour de la botanique agricole, et fait notamment des recherches microchimiques et cytologiques sur la sécrétion de Salvia Splendens (Sauge rouge). A partir de 1947, Marguerite Codron-Poix commence, avec une équipe de chercheurs, un travail dans le cadre de l’étude des conséquences de l’inondation à l’eau de mer de la Flandres maritime en 1944-1945. Pour cela, ils effectuent diverses analyses sur des échantillons de terres inondées, afin de comprendre les mécanismes de dégradation et de régénération de la structure des sols. Elle travaille sur ce sujet jusqu’en 1954. En parallèle, elle encadre des étudiants en dirigeant les travaux pratiques de P.C.B. (Physique-Chimie-Biologie) et chimie générale du laboratoire.

L'après-guerre : une assistante essentielle au laboratoire de botanique

A partir de 1954, avec le professeur André Lebègue et son équipe, Marguerite Codron-Poix entame des études sur l’embryologie végétale. Cela lui permet de publier deux articles, seule ou en collaboration, dans le Bulletin de la Société Botanique de France en 1955 et 1956, « Observations sur le développement embryonnaire de l'Epilobium parviflorum » et « Le développement embryonnaire chez l'Urtica tirens L. ». En 1957, elle exprime le souhait d’être inscrite sur la liste d’aptitude aux fonctions de chefs de travaux. Cette demande rencontre « un avis favorable, mais sans plus » de la part du doyen Henri Lefebvre. En effet, celui-ci considère que son activité de recherche est fortement réduite. Il reconnait qu’elle est parfaitement compétente à son poste quant à la préparation et surveillance des travaux pratiques, aux tâches administratives et au bon fonctionnement du laboratoire, et qu’elle reste une aide technique précieuse pour le professeur André Lebègue et ses collègues. Mais il souhaiterait, en tant que chef pratique, une personne qui apporte davantage à l’activité scientifique du service et puisse diriger une équipe de jeunes chercheurs. Il semblerait que sa demande n’ait pas aboutie, car elle est toujours assistante lorsqu’elle prend sa retraite en 1964.

La Seconde Guerre mondiale est un passage important pour la carrière de plusieurs femmes dont Marguerite Codron-Poix. Entre 1928 et 1951, elle a été promue plusieurs fois jusqu’à atteindre le statut d’assistante 1ère classe, avant d’être reclassée au 6ème échelon en 1961. Elle a également été nommée Officier d’académie en 1939 puis Officier de l’instruction publique en 1946. Marguerite Codron-Poix a marqué l’Institut des Semences et Recherches Agricoles en devenant la première femme à en assumer la direction entre 1940 et 1943. Elle décède en 1996 après avoir mené une carrière exemplaire.

 

Notice rédigée par Marjorie Desbordes et Marie Lefèvre.

Notes

[1] Louise, Flore, Zénaïde Codron (22/07/1901-30/08/1993) est la soeur de Marguerite Codron. Elle obtient son baccalauréat en 1919 et poursuit ses études supérieures à la Faculté des Lettres où elle obtient une Licence ès Lettres en 1926. Elle poursuit son cursus en obtenant son agrégation en 1933. Elle est professeure d’Anglais à Tourcoing en 1926, à Maubeuge et Armentières en 1928. Elle occupe plusieurs postes à différents endroits du Nord durant sa carrière. Elle termine son cursus de professeure au lycée Fénelon à Lille. Elle est militante du syndicat national de l’enseignement secondaire dès décembre 1944. Elle est membre de la commission exécutive jusqu’en 1949. En parallèle, elle est également membre suppléante du conseil de l’enseignement du second degré.  Elle prend sa retraite en 1966.

Bibliographie

Lebègue André & Poix Robert (Mme), « Le développement embryonnaire chez l'Urtica tirens L. », Bulletin de la Société Botanique de France, 1956, 103, p.587-589. Poix Robert (Mme), « Observations sur le développement embryonnaire de l'Epilobium parviflorum Schreb », Bulletin de la Société Botanique de France, 1955, 102, 5-6, p. 232-234. maitron.fr/spip.php, notice CODRON Louise, Flore, Zénaïde par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 6 juillet 2017, dernière modification le 6 juillet 2017 Bouriquet Robert, Histoire de la Faculté des Sciences de Lille et de l’Université des Sciences et Technologies de Lille, Tome 5: Histoire de la Botanique à la Faculté des Sciences (1856 - 1970), Association de Solidarité des Anciens Personnels de l'Université de Lille, 15 p. asap.univ-lille.fr/ASAP/publications/Tome5_botanique_maige.pdf

Sources

Archives départementales du Nord
Registre des diplômés de la faculté des Sciences de Lille – 3268W82 3268W83
Dossier de personnel de la Faculté des Sciences de Lille – 3631W3
Acte de mariage - 3E15311

Archives départementales du Pas-de-Calais
Acte de naissance - 3E765/458
 
Bibliothèque universitaire de Lille
Annales de l’Université de Lille : Rapport annuel du Conseil de l’Université Comptes-rendus de MM. les Doyens des Facultés, 1909-1965, disponibles en ligne sur nordnum.univ-lille.fr/ark:/72505/a011478698385yctcuu

gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Presse et revues numérisées : Bulletin des réfugiés du Nord, numéro du 24 juillet 1915, gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62951462