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Simone Poignant

Droit

1905-1987

paru le 07/02/2020 - Mise à jour le 24/05/2022 (16:16)

Enfance et études secondaires

Simone [1] Poignant est née le 28 octobre 1905 à Lille. Elle est la fille unique de Jules Poignant alors cafetier et de Gabrielle Bodelle couturière. Ses parents sont, à cette époque, domiciliés à Lille, plus précisément au 75 rue Pierre Legrand, dans le quartier de Fives.

Jules Poignant est originaire de Waben (Pas-de-Calais). Après avoir été domestique à Paris, il s’installe à Lille et travaille en tant que garde-frein [2], profession qu’il occupe au moment de son mariage en 1900. Il doit probablement son activité dans le secteur ferroviaire à son frère aîné Charles, chef de gare. Jules Poignant et Gabrielle Bodelle, sa future femme, sont voisins. Gabrielle Bodelle grandit et vit jusqu’à son mariage au 12 boulevard de l’Usine. Son père, Pierre Bodelle, mécanicien au chemin de fer, décède alors qu’elle a 12 ans. Elle est élevée par sa mère dans ce quartier ouvrier, vivant au rythme des entrées et sorties des ateliers de la Compagnie de Fives-Lille.

Vers 1903 , Jules Poignant est victime d’un accident qui le rend invalide puisqu’il est amputé de sa jambe droite. Il est probable qu’il obtienne alors une rente lui permettant d’acquérir le commerce qu’il possède au moment de la naissance de sa fille Simone.

En 1910, le couple Poignant-Bodelle, demeurant à Mons-en-Baroeul, achètent un fonds de commerce à usage d’épicerie, conserves, œufs, beurre, fromages et lait, rue Carnot à Berck-Plage.

Lors du recensement de population de 1911, toute la famille ainsi qu’une domestique, Léonie Couplet [3], demeure bien dans cette rue commerçante de Berck-Plage où Jules exerce la profession de crémier.

Simone Poignant a donc grandi à Berck-Plage et probablement fréquenté l’école communale de filles de cette cité balnéaire. Il est difficile de savoir où elle a poursuivit ses études : école primaire supérieure de Montreuil-sur-Mer, collège de jeunes filles de Boulogne-sur-Mer, … ?

Toutefois, il est attesté que Simone Poignant termine ses études secondaires au Lycée de jeunes filles de Lille, le Lycée Fénelon, en 1923. L’année précédente, ses parents achètent un fonds de commerce de parapluies et cannes au numéro 39 Grande-Rue à Roubaix, où toute la famille s’installe comme l’atteste par la suite le dossier d’étudiante de Simone Poignant.

Etudes à la Faculté de droit : entre thèse et recherches en histoire du droit

A l’automne 1923, Simone Poignant s’inscrit à la Faculté de Droit de Lille. En juillet 1924 et 1925, elle est lauréate des premier et deuxième examens du Baccalauréat en Droit. A la suite de ce premier diplôme, elle continue d’étudier le droit en licence, qu’elle obtient en juillet 1926.  Elle poursuit ensuite ses études en passant son diplôme d’études supérieures « Droit romain - histoire du Droit et Droit privé » en 1927. Élève brillante, elle obtient des mentions pour chacun de ses diplômes. Elle finalise son cursus le 8 février 1929 par la soutenance de sa thèse intitulée La condition juridique du Bourgeois de Lille en droit criminel au XIVe siècle. Ainsi, elle devient la première femme diplômée d'un doctorat en sciences politiques et économiques à la Faculté de Droit de Lille. Sa thèse non seulement obtient la mention très bien, mais aussi le Prix de thèse de doctorat délivré par les Amis de l’Université de Lille.

Le jury de thèse composé d’Henri Lévy-Bruhl, professeur de droit, président de jury, Raymond Monier, agrégé en droit, et Alexandre de Saint-Léger, professeur à la Faculté des Lettres, a apprécié et félicité l’apport du doctorat de Simone Poignant aux connaissances relatives au sujet traité ainsi que l’important travail de paléographie et d’analyse des sources qu’elle a fourni.

L’année suivante, Simone Poignant continue ses travaux de recherche en histoire du droit en réalisant une étude portant sur La foire de Lille. Contribution à l’étude des foires flamandes au moyen-âge. Récompensée au niveau national, cette étude obtient la médaille d’or au Concours Général de Doctorat et la grande médaille d’or, Prix du Ministre de l’Instruction Publique, de l’Académie de législation de Toulouse en 1931.

Départ du Nord
 
Après l’obtention de ses prix, Simone Poignant disparaît des sources [4]. Elle arrête vraisemblablement la recherche universitaire en droit et quitte le Nord. Des années plus tard, en 1953,  nous retrouvons sa trace à Paris. Elle habite alors 3 square de Tocqueville dans le 17ème arrondissement. C’est à cette même adresse que décède sa mère, Gabrielle Bodelle, le 29 janvier 1949. Il est possible que sa mère, devenue veuve, ait rejoint sa fille à Paris.

A cette époque, Simone Poignant est présidente du Comité de Défense des Importateurs de Pâtes à Papiers. Ces fonctions lui permettent d’intégrer le corps des conseillers du commerce extérieur de la France entre 1953 et 1963. Au sein du Comité national des conseillers du commerce extérieur de la France, elle est membre de la commission des transports et de la commission des industries du papier, ainsi que du 15e comité régional (Paris-Seine).

Les travaux de recherche universitaire de Simone Poignant font encore autorité lorsqu’elle décède le 9 mai 1987 à Nice.

Notice rédigée par Marjorie Desbordes et Nathalie Barré-Lemaire.

Notes

[1] Bien que son prénom soit orthographié « Simonne » sur son acte de naissance et d’autres documents officiels, elle a pris l’usage de l’écrire « Simone » et signe comme tel. C’est pourquoi cette biographie respecte ce choix et utilise l’écriture « Simone ».
[2] Un garde-frein est un cheminot qui a pour fonction de serrer les freins du train sous les ordres du mécanicien de la locomotive.
[3] La jeune Léonie Couplet, 15 ans en 1911, est originaire du même village que Jules Poignant : Waben.
[4] Il a pourtant été possible de retrouver deux mentions concernant une Simone Poignant, sans jamais pouvoir établir s’il s’agissait bien d’elle ou bien d’une homonyme. Ainsi, en 1934, une Simone Poignant présente/propose une chronique juridique à Radio Fécamp. Aussi, en 1971, une Simone Poignant obtient le Prix Albéric Rocheron de l’Académie Française pour son ouvrage Les Filles de Louis XV. L’aile des Princes. Cette même personne étant très certainement l’auteure en 1966 du livre L’Abbaye de Fontevrault et les filles de Louis XV.

Sources

Archives départementales du Nord
Dossier d'étudiante à la Faculté de Droit de Lille - 2633W207.
Registres des diplômés de la Faculté de Droit de Lille - 6T69.

gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Presse et revues numérisées : Le Grand Écho du Nord de la France, La Croix, La Dépêche, L'Ouest-Éclair, Recueil de l'Académie de législation fondée à Toulouse, Revue historique.

bn-r.fr / Bn-R - Bibliothèque numérique de Roubaix
Carte postale numérisée : La Grande-Rue de Roubaix en 1911, CP_A06_L1_S1_A_003.